mercredi 10 septembre 2014

Intermède suédois




Hej ! Comme dirait nos amis suédois. Je vais te raconter mon aventure suédoise qui s'est déroulé il y a quelques mois maintenant , mais qui vaut clairement le détour. Assieds toi donc sur mon lit Ikea, tu grignoteras bien un krisprolls , je te mets mon "best of" d'Abba et je te raconte tout.



1. Mamma Mia

Un jeudi soir, enfin en weekend bien mérité. STOP ! Ne crie pas au scandale, ne monte pas tout de suite sur tes grands chevaux. C'est juste qu'à ce moment là, j'avais pas mal de boulot et de préparation pour mes petits monstres. Surtout, ce même jeudi soir, jusque 20h, Amandine, spécialisée parfois dans l'amusement de galerie, devait présenter sa belle langue et donc sa matière devant les parents d'élèves. En allemand, sinon c'est pas fun les petits gars. Amandine s'est exécutée, stressée, épouvantée devant l'assistance interloquée par mon "charmant" accent mais couronnée d'un joli succès final.

Bref ! Comme j'avais bien travaillé ces derniers temps, j'ai eu le droit de prendre mon vendredi matin pour me préparer à... partir en Suède, évidemment ! Mon voyage réservé en mars était attendu avec impatience, au programme mini-croisière entre Kiel (la capitale de mon joli Land) et la mystérieuse Göteborg (du comté de Västra Götaland), deuxième ville de Suède après sa capitale.

Vient finalement vendredi, jour du départ. Je me lève comme une fleur, reposée, en forme pour attaquer mon périple. J'engloutis mes pancakes faits maison, je fais le ménage dans ma maisonnée, je fais mes bagages et me voilà sur la vague suédoise. Rendez-vous à la gare de Lübeck où je rejoins huit autres de mes compères pour notre aventure. C'est parti !

Arrivée à Kiel, on rejoint les derniers de la bande, nous serons donc quatorze à rendre visite à nos amis scandinaves ! Parmi la bande se cache une autre petite assistante, L. souvent dans les mauvais coups et toujours prête à me suivre dans mes petites folies. On se dirige tous vers le port qui se situe près de la gare de Kiel. Nous accueille un hall qui me fascine déjà, tous ces bouts de phrases dans des langues inconnues piquent ma curiosité exacerbée. Ce voyage sera ma première vraie percée en Scandinavie. Nous attendons, l'embarquement n'est qu'à 17h mais je m'impatiente, j'ai hâte. Puis on embarque, on découvre nos petites cabines, on s'installe, on visite le ferry, on se retrouve sur le pont, on trinque mais je me couche tôt, hors de question de louper une miette de ma journée en terre suédoise.

2. Money, Money, Money

Le réveil est prévu à 7h30 pour être vers 8h30 prêts à débarquer et fouler le sol IKEA. 7 HEURES tapantes, Björn, le maudit "speaker" m'annonce que je peux encore acheter de l'alcool avant d'atteindre la Suède parce qu'après ça me coûtera bonbon. Björn c'est pas un gars délicat, il a foutu le haut parleur dans la cabine, juste au dessus de mes oreilles et bim ! Les habitués du phénomène que je suis sauront. Ne JAMAIS au grand JAMAIS, réveiller l'ourson que je suis, aussi brutalement. Faites moi des câlins mais me gueuler pas dans les oreilles en trois langues différentes avec un accent suédois à couper au couteau que je peux acheter de la "gnole" pour ma conso' à moindre coût. 

L'ourson mal léché que je suis daigne finalement se préparer, je regarde rapido un morceau de Maya l'abeille en suédois, je ricane, c'est vraiment une langue rigolote à entendre pour nous les latins. 


Les Moomins en suédois

Nous nous retrouvons tous sur le pont, je vois enfin la côte suédoise, il fait froid, le vent me fouette le visage, se profile devant nous une ville gigantesque directement sur la mer. Nous passons sous un pont où des centaines de personnes courent, sûrement pour un marathon, et cela malgré le froid. Nous descendons tous dans le hall, dans les "starting blocks", prêt pour une journée à parcourir Göteborg. 


Nous nous dirigeons tous vers le tram, nous achetons nos tickets pour la journée. Dieu. Ce n'est pas un mythe, la Scandinavie c'est cher, très cher. J'ai 45 euros pour la journée et plus de 10 euros iront directement dans 4 tickets de tram. Bon. Dans le vieux tram à l'image d'une ville portuaire typique, j'observe les gens, je scrute nos petites différences à la recherche de personnages typiques. Un vieux marin discute avec un de mes compères dans un anglais approximatif, il raconte ses voyages en Allemagne et sur les côtes de la froide Baltique et de la sauvage Mer du Nord. Mon regard s'arrête sur la vieille femme du fond. Une femme hors du temps, le visage abîmé par la vie et le vent froid. Les joues rouges, les oreilles fatiguées par des boucles trop lourdes et de nombreux piercings. Elle m'a sourit fièrement et j'ai répondu par un sourire plus timide. Derrière elle, deux jolies jeunes filles blondes comme les blés discutent, sûrement de leurs conquêtes, je connais trop bien ces petits rires en coin et ces sourires extasiés. Voilà, je suis en Suède. Petite française au milieu des suédois.
Nous arrivons dans le centre-ville, en sortant du tram tout de suite je me trouve face à un restaurant avec quelques mots français parsemant la carte : entrecôte et "filét" mignon.
On se sépare tous, on forme de petites équipes. Certains veulent faire du shopping : il se trouve que les vêtements sont étonnamment moins cher et H&M, et bien, c'est suédois. Certains veulent faire des musées. Certains veulent rester en amoureux. Nous, on voulait se balader, se perdre et faire un peu tout. Alors, on a commencé à marcher.

Tout d'abord, nous avons arpenté l'axe principal de Göteborg. Nous nous sommes arrêtés pour le petit-déjeuner qui n'avait rien d'hyper typique, navrée ! Mais ! J'ai appris au cours de ma journée qu'il est malheureusement difficile en Suède de trouver du "typique", à l'Office du Tourisme on m'a dit que c'était dû à la mondialisation et le fait que les traditions se perdent beaucoup. Bref. Je m'égare, je m'égare. On s'est donc baladé, la ville est jolie, moderne et vieille à la fois. C'est une grande ville, portuaire et travailleuse. Les rues sont parsemées de nombreuses devantures françaises, c'est là qu'on a été le plus surprise. Nous sommes même entrées dans un café français avec toutes nos viennoiseries passant du pain au chocolat au chaussons aux  pommes en faisant un crochet par les macarons. Seules les petites pancartes trahissent l'authenticité française du lieu, les couronnes c'est pas hyper franchouillard.

Sur notre chemin, on visite un joli marché couvert où tous les vendeurs se liguant pour nous engraisser nous font goûter leurs produits : olives grecques, charcuterie suédoise (je ne sais toujours pas de quel animal était tiré tout ça), pains, etc. Nous nous sommes promenées le long des quais, de beaux bateaux, un gentil canard (Canette de son petit nom qui se baladait avec nous), des boutiques rigolotes de bonbons de toutes les couleurs. 

Dans les rues, une petite scène se dresse, de vieux marins entonnent leurs chants favoris, nous invitent à ... danser ? chanter ? ( Si tu veux les entendre c'est ici ) J'aurais voulu comprendre mais en voyant nos grands yeux écarquillés, eux-mêmes ont compris que nous n'étions pas du coin. Juste derrière se tient une jolie église protestante où une chorale se préparait à fêter Pâques, une gentille petite dame nous propose du gâteau et un café pour quelques couronnes mais j'ai bien de trop mangé au marché juste avant alors je refuse poliment. Nous nous sommes assises quelques minutes, c'était beau.


Au milieu de tout ça, j'ai pleuré après avoir payé 16 euros pour des cartes postales et des timbres et nous avons rencontré des difficultés à trouver un endroit où manger à moindre prix. C'est beau mais c'est vraiment cher. 






3. The Dancing Queen

La pluie s’abat malheureusement sur la vieille Göteborg, on boit un dernier café au Hard Rock Café, toutes deux ruinées. Il va être temps de rentrer au bateau, 18h approche. Nous nous décidons à faire nos courses à Lidl pour pique-niquer à bord. Nous remontons dans le tram et nous re-embarquons sur notre maison flottante. 

21h. Après une bonne douche chaude et un repas improvisé il est temps de rejoindre les autres dans la partie la plus fun de tous les ferrys : la discothèque. Est prévu pour notre soirée de folie : quizz musical ! Nous n'avons pas gagné. Bon, c'était pas mal mais on a perdu ! Notre DJ et animateur suédois nous lance une "super" soirée karaoké. Les premières chansons font un flop, il a pourtant tout donné : ABBA, variété suédoise, disco, etc. Puis des norvégiens ont lancé la machine avec une danse endiablée et me voilà à twister avec des allemands, des norvégiens, des suédois, des anglais, des iraniens et des finlandais. Une fois sur la piste, plus rien ne nous a arrêté, entre rire et pas de danse approximatif, c'était une nuit incroyable. Alors voilà, la Suède nous a inspirée, une nuit en mer à être des Dancing Kings and Queens. C'est ça la vie.

4. Epilogue

J'ai aimé le petit aperçu que j'ai eu de la Suède. J'ai trouvé les gens charmants, froids d'apparence, peut être. Mais toujours prêt à aider et chaleureux à leur manière. Bien sûr le projet est d'en voir plus parce qu'il y a beaucoup à voir. La Suède est un pays riche, vaste et avec une culture fascinante. Björn, on se reverra. ;)

 Hej då !

lundi 19 mai 2014

Je cours

Je suis une foutue biche sous des écailles de dragon. Un petit truc fragile qui se cache bien, une montagne d'émotions sous un semblant de roche. Mon temps ici est compté, je sens mon aventure me filer entre les doigts et ça me colle une frousse monumentale. Tu vois, j'ai à peine eu le temps de te raconter mes dernières aventures parce que ma petite vie me prend un temps fou et quelque part tant mieux. Je la vis à 2000%, je ne suis pas souvent chez moi, je cours la campagne et gambade dans les prés. Assieds-toi 5 minutes avec moi, servons nous un petit thé car ma fatigue en a bien besoin et je suis sûre que toi aussi.

1. Quand les racines reviennent à toi

Ma dernière semaine de février était un peu minable, quelques petits "soucis" à l'école et des petites déceptions personnelles m'avaient mises quelque peu K.O. Mais une part de moi étaient sur le chemin, Maman et petit frère se ramènent pour découvrir ma drôle de vie, celle d'ici.

Ma maman c'est la meilleure, elle me ramène des bonnes choses
Lundi, excitée comme une puce, je monte dans le train et je traverse le tout Hambourg. M'étant sentie poussée des ailes, j'ai volé trop vite et l'avion, lui, n'avait pas encore atteint sa destination. Je les attends comme j'attendais le Père Noël fût un temps, tiraillée entre excitation, stress et bonheur. Je guette, me met sur la pointe des pieds pour voir si je peux les apercevoir derrière le sas qui nous sépare. J'attends. J'aperçois enfin mon frère et puis ma mère. Le cœur serré je les accueille pudiquement parce que j'ai beau être très expansive sur beaucoup de choses, j'ai encore mes petites retenues. Après nos retrouvailles, des péripéties classiques d'aéroport, on prend la route vers Lübeck (Lulu pour les intimes).

Puis je les ai baladé pendant la petite semaine qu'ils ont pu me consacrer. Je bossais le matin, les promenais l'après midi. Ma maman m'a prêté la voiture de location et j'ai reconduit seule pour la première fois vers l'école. Je n'ai pas eu peur, c'est tout ce que je peux te dire. Je dois avoir la peau dure, je n'ai pas bronché contrairement à ce que je pensais.

Je leur ai montré ma belle Baltique, je les ai emmené à l'Est, je leur ai fait goûté les plaisirs de ma petite vie à l'allemande. J'ai rassuré ma mère quant à ce que je vis à 1400 kilomètres d'elle, elle a mis des visages sur des noms aux consonances étranges, des sourires sur ses inquiétudes et des baisers sur mes joues.

Puis ils se sont envolés un samedi, un signe de la main, une larme qui peine à se contenir, un sourire, un dernier coucou et me revoilà seule, de retour à mon doux quotidien. Mon indépendance est revenue timidement, sans enthousiasme, avec prudence pour ne pas abîmer le petit morceau de mon cocon familial qui s'est reformé pendant ces quelques jours.

2. Goûter à la folie hambourgeoise

Avec Lt. mon amie belge (officiellement, elle est franco-belge, officieusement, c'est une foutue frite !), nous avions une envie folle de visiter cette grande ville que l'on traverse sans arrêt sans pour autant la visiter et surtout une folle envie de faire bouger nos corps au rythme de la folie hambourgeoise.

On est arrivé un samedi matin en catastrophe à Hambourg, elle, laissée par un train au milieu de nul part, moi, lâchée par un covoitureur fiévreux. On fini par se retrouver et on file chez R., un autre assistant absolument adorable qui nous accueille pour le weekend. Tous les 3 lancés dans Hambourg, on fait le grand tour, on en prend plein les yeux et on planifie notre petite folie hambourgeoise du soir.

Si tu as l'esprit festif, un tatouage sur la fesse gauche après un mauvais pari, un foie du tonnerre, un esprit jeune dans un corps qui tient la route et des envies d'adrénaline ou tout autre signe distinctif qui indique que tu peux potentiellement envoyer du rêve sur le dancefloor, Hambourg a une "tradition" qui te plaira. La tradition veut que tu festoies allégrement mais pas n'importe où, à la Reeperbahn. Puis quand le soleil pointe le bout de son nez, cette même tradition veut que tu ailles manger un Fischbrötchen (comprend là, un sandwich avec des petits poissons, des petites crevettes ou tout autre animal sortant de l'eau) au Fischmarkt (tu me suis toujours, comprends là, le marché aux poissons). 

Alors à nous 3, on est parti "bras dessus, bras dessous" et on a mis le feu à la Reeperbahn. Je ne te raconterais pas tout sur ce sujet mais sache qu'on a fait la fête et, correctement. Résumé express : on a trinqué, rigolé, bougé nos corps, trinqué, crié, chanté, trinqué, dansé, discuté et mangé. Bref. On a passé une soirée de folie. 

Le dimanche, on a terminé tranquillement notre visite d'Hambourg et on est rentré au bercail, éreinté mais avec des étoiles plein les yeux. Hambourg est une ville aux multiples facettes avec un charme fou. Le port est endroit authentique et brut accentuant le contraste avec le faste de son centre. Chic et bourgeoise, la belle hambourgeoise relève ses jupons une fois la nuit tombée et fais rêver quiconque veut s'oublier l'espace d'une nuit. Et ça ! Ça m'a plu. 

3. Une nouvelle en ville

Le rendez-vous est pris. Une nouvelle française arrive en ville et je suis chargée de l'accueillir en cette fin mars fraîche mais ensoleillée. M. arrivera avec sa maman et je dois me charger d'être leur premier rayon de soleil (comme le fut ma coloc' à mon arrivée) après leur périple en voiture que je ne pouvais que bien m'imaginer. 

Après une petite journée classique dans ma petite ville, mon portable sonne, mes routières arrivent. Je monte donc sur mon fidèle destrier du mois (ah oui ! mon grand truc c'est de me faire prêter des vélos, c'est devenu mon sport du moment), je file à son futur appartement, dernier tour de piste, je m'assois face à la Trave et je patiente. 

Elles finissent par arriver, me remerciant à coup de pains au chocolat et ravies que je leur ouvre la porte de la nouvelle maison de ma nouvelle compère. S'en suit un charmant petit weekend entre françaises sous un temps idyllique, on papote, le courant passe, j'ai une nouvelle copine française.

Depuis on en a fait des trucs ensemble, je l'ai baladé, elle m'a baladé, on se balade toutes les deux. On sort, on se fait à manger, on rit, on se raconte nos vies, on se plaint, en gros on se comprend et ça c'est COOL.

4. Épilogue

Je sais que tu m'en veux derrière ton petit écran et que tu me boudes un peu : tu es dans ton DROIT ! Je ne t'ai pas écris depuis longtemps et tu m'en vois désolée. J'ai eu peu de temps pour me poser et écrire. Tu vois j'aime me la raconter un peu et pour que j'écrive efficacement il faut que j'ai quelques heures devant moi, de l'inspiration, de la bonne musique et l'esprit en paix. Tu devineras que ces derniers mois, des moments précieux d'écriture comme ceux-là, j'en ai eu peu. J'ai privilégié ma vie sociale mouvementée, mes voyages et mes sorties nombreuses. Dis comme ça, ça sonne un peu égoïste mais que veux tu des expériences aussi belles j'en aurais peu dans ma petite alors je les savoure à tes dépends. Mais tu m'aimes quand même, hein ?

Passons ! Je suis en pleine planification de mon été car oui ! Je reste quelques mois de plus sous le prétexte d'améliorer mon allemand en y bossant encore un peu. J'ai trouvé un charmant petit boulot dans le plus adorable des cafés de Lübeck. J'ai l'impression d'être une licorne colorée apportant des petits bouts de rayon de soleil à mes clients. Ouais, mes métaphores sont déjantées mais tu sais pourtant que je suis un bisounours bien planqué (et que j'ai une façon de penser propre à moi-même).

Comme tu le constates, au travers de ce tourbillon d'émotions que je parviens tant bien que mal à te décrire, je suis bien, je suis épanouie, bien dans mes pantoufles canards (je ne porte pas de baskets, je suis une fille distinguée, ou pas). Je te le cache pas, plus je repousse mon départ, mieux je me porte. Pas que je veux pas revoir la frimousse de mes français préférés, c'est juste que les moments où on se sent à sa place, au bon endroit, au bon moment sont rares alors par pure avidité, je garde ma place, je la serre contre moi encore avant de revenir à la facilité de mon quotidien français.

Une amie m'a dit il y a pas longtemps : "De toute façon, toi, tu as besoin de challenge pour vivre" A méditer. 

mercredi 26 février 2014

Vadrouille et sac à dos

On va traverser l'Allemagne, tiens toi prêt parce qu'on va passer du froid nordique à la douceur bavaroise. Nord et Sud, deux directions opposées mais deux weekend incontournables. Enfile ta cagoule, on va se les geler sec.

1. Mer du Nord par - 20 C°

Dernier weekend de Janvier, le rendez vous est pris avec la sauvage Mer du Nord. Je suis allée ce vendredi rendre visite à une amie assistante qui habite de l'autre de côté de mon Land. Je suis partie ce jour là comme on partirai en expédition en Antarctique. Depuis quelques jours déjà, Lübeck avait enfilé son manteau blanc de neige. J'avais depuis quelques jours mes vêtements les plus chauds, mes bottes de neige et tous les accessoires adéquats, pourtant je persistais à grelotter. 

Madame Météo m'avait informé en avance que ce weekend-ci allait battre tous les records de froid et on m'a affirmé que le froid de la belle Mer du Nord était particulièrement prenant. Ma coloc', toujours attentionnée, me laisse son blouson de ski qui, vous l'apprendrez plus tard, va tout de même me sauver la vie. Je pars donc avec mon attirail de petite (grande ?) exploratrice.

Je prends d'abord un bus qui m'emmène dans la "pampa" lübeckoise pour prendre part à mon premier covoiturage à l'allemande. Je dois attendre à un arrêt de bus par -10 C°. Je sautille pour tenter de me réchauffer, le vent frappe mes joues déjà rougies par le froid et je peine à maintenir au chaud mes mains qui se crispent. Une voiture fini par arriver, une golf un poil tunée, en sort un géant qui salue un jeune homme et me fait signe de la main. Je me dirige donc vers le géant, 2m10, une carrure impressionnante, blond aux yeux clairs, mon Dieu, le cliché du mastodonte allemand. Un peu intimidée tout de même, je file à l'arrière, tous deux constatent rapidement que je suis française, me posent deux ou trois questions mais la voiture me berce et je pique 2 ou 3 micro-sommeils. Il me dépose finalement dans une petite gare près de ma destination finale, cette ville légendaire dans le petit milieu de l'assistanat en Allemagne, Husum. 
Husum

Après une petite heure d'attente dans un petit café de Friedrichstadt, mon train arrive et me mène vers Husum retrouver mon hôte, la charmante L.. 2 minutes de marche après nous voilà déjà chez elle, Husum c'est pas une grosse ville, c'est même riquiqui mais c'est son petit paradis à elle. L'un de nos points communs étant de nous être pris de passion pour la ville qui nous accueille pour cette fabuleuse année. On fait notre programme pour le weekend, on papote, on se regarde des films pour filles, on se fait une soirée pyjama en bonne et due forme. 

Eglise de Flensburg
Le jour se lève sur la Mer du Nord, aujourd'hui c'est direction Flensburg, une ville collée à la frontière danoise. Coup d'oeil sur la météo : température ressentie annoncée -20C°. On s'arme toutes les deux de nos tenues les plus chaudes pour passer la journée dehors. J'enfile mes Thermostrumpf (comprenez des collants très chauds), un jean, un tee shirt, une polaire, mes bottes de neige, blouson de ski et le classique, chapeau, écharpe. Nous voilà parti pour une journée de folie. On se balade, on parle, on rit. Flensburg est une ville charmante, très influencée par le Danemark. Sur l'adorable marché près de l'église se croise allemand et danois, euros et couronnes danoises et puis bien sûr, nous, les petites françaises. J'ai eu l'occasion d'avoir un bref aperçu de la folie des prix danois en allant faire un petit tour dans une sorte de "Maison du Monde" à la danoise mais je n'ai rien acheté, même pas la tasse "Moomins" sur laquelle j'ai craqué littéralement mais qui coûtait la modique somme de 17 euros. Ça fait cher le Moomin. 

Le vent scandinave ne nous aura pas épargné mais on a profité à fond tout de même en nous baladant, papotant, toutes deux emmitouflées comme 2 petits bonhommes Michelin. Exténuées, on a fini notre journée comme deux vraies filles qui passent un weekend ensemble, en nous goinfrant de cochonneries devant des films américains idiots.
Port de Husum

Le lendemain, L. entreprend de me faire vraiment visiter son patelin. Comme le jour précédent, j'enfile mes couches de vêtements et on se lance. Husum, c'est tout petit, c'est tout charmant. C'est une petite ville portuaire figée dans le temps, entre Moyen Age et années folles, la ville est parfaitement hors du temps. J'ai apprécié l'authenticité du lieu: le port parsemé de jolies petites maisons colorées, le petit château sans cotoient pour le plaisir des yeux. Je crois que ce qui m'a le plus bluffé ce weekend-ci, c'est peut être ce pouvoir magique de la nature et des choses simples. Oui, j'ai failli perdre mon visage, mes mains et mes pieds mais j'ai aussi entendu la nature parler, la Mer du Nord grogner sous la glace, cette même glace craqueler sous le poids du froid et les arbres grincer au rythme du vent. Le froid ça fait mal mais ça rappelle qu'on est vivant, ça le rappelle à la nature aussi.

Alors voilà, j'ai remis mon sac à dos, je suis remontée dans la voiture du gentil géant et j'ai retrouvé Lübeck, ma bonne vieille ville.


2. Liebling Bayern

12 heures de surveillance d'examen, l'aubaine de 2 jours de formation du corps enseignant et peu de négociation, j'obtiens de passer un weekend dans la région de Munich, retourner sur le lieu de mes premières aventures allemandes.

Alors, j'ai booké un avion sans réfléchir et j'ai repris mon baluchon. Parce que quand je suis là bas, je me sens comme en famille, ça sonnait comme une évidence. Je te remets au parfum. Munich et moi c'est : 2 étés dans une famille formidable qui m'a adopté et que j'ai adopté. Je suis un peu la grande soeur de ce petit bout de petite fille blondinette et je suis devenue la fille adoptive d'un couple charmant.

Se voulant être une surprise, je suis arrivée à l'aéroport de Munich sous couvert d'une sombre histoire de colis à aller chercher à l'aéroport. Si j'avais eu plus de temps, pour sur, je me serais emballée de la tête au pied juste pour le fun. Mais bon, j'ai manqué de temps et de préparation au ridicule qui ne tue pas. 

Je crois que le plus amusant dans cette histoire de surprise, c'est de me rendre compte que j'ai déjà change depuis août dernier, la petite et le père ne m'ayant à peine reconnue sur le coup. C'est vrai que ma silhouette s'est affinée, j'ai changé de coupe de cheveux, changé de lunettes et je porte des vêtements d'hiver (d'où la blague récurrente du weekend : Amandine ne se balade qu'en bikini, étonnant de la voir habillée).

Bref,  j'ai fait des crêpes et des galettes, j'ai mangé, trop mangé, j'ai fait des batailles d'oreiller, j'ai patiné, je suis tombée, je me suis relevée et j'ai respiré l'air frais de ma douce Bavière. Je suis rentrée, parce qu'il fallait rentrer, partagée entre : "Lübeck, mon amour" et "Bavière, mes souvenirs".

3. Épilogue

Pour le reste de ma petite vie ce dernier mois, c'était encore une fois mouvementé. Entre mes petits voyages s'immiscent aussi quelques évènements spontanés : fêtes en tout genre, des cafés, des bières, des restaurants et des tas de gens géniaux. Ma vie est simple mais bien remplie, je me sens intégrée, bien dans ma peau, bien dans mes baskets. Je suis allée à Kiel, certains m'ont plaint de vivre à Lübeck mais moi je les plains de ne pas connaître le charme de ma petite ville, l'humanité qui en découle et les gens géniaux qui y demeurent. Kiel c'est grand mais c'est pas pratique, ce n'est pas joli et la ville ne me conviendrait pas. Alors, oui, je ne vis ni à Hambourg, ni à Kiel, ni à Berlin, mais je n'échangerais ma place pour rien au monde.

Se profile encore dans ma vie palpitante : une mini croisière en Suède, un weekend en terre danoise, un weekend a Hambourg et visite de ma mère et mon frère.

Être étranger a l'étranger, je crois que c'est l'expérience la plus enrichissante de mon jeune âge alors je vis a fond mais le temps court trop vite comme dirait les allemands. Piquez lui ses pompes histoire que je profite encore plus ! (si tu as compris cette blague a 2 balles, tu es cool OU aussi dérangé que moi).

La Belle Lübeck sous le soleil

lundi 20 janvier 2014

Happiness is the truth

Hey toi, visiteur ! Je t'ai laissé il y a un mois avec un brin de trémolo dans la voix, on va reprendre où je me suis arrêtée et tout te raconter. J'espère que cet article va swinguer au rythme de ma vie qui swingue pas mal en ce moment.  

1. Enterrer 2013, reprendre sa pelle, s'en aller sans se retourner

Quelques jours avant mon départ pour la France, j'ai eu un gros coup de mou. Comme si le fait de rentrer était encore une punition, j'avais peur mais je ne savais pas de quoi. S'en suit l'habituel : "j'ai pleuré, j'ai déprimé, j'ai boudé, je me suis roulée en boule et j'ai ruminé". Tu peux rire, tu es parfaitement autorisé, 22 ans et pourtant ! Une vraie gosse.

J'ai tout de même fait ma valise, j'ai encore pris trois fois trop de vêtements, trois fois trop de choses qui a l'instant t m'ont semblé essentiel et qui à la fin du séjour seront toujours au fond de ma valise. Bref ! J'embarque valises, petits problèmes et grosses déprimes direction Paris. Je passe un très bon moment à Paris qui me fait penser que, finalement, c'est pas si affreux de rentrer. J'assiste à une comédie musicale, revois mon parrain, fais les magasins, visite, profite. Puis ma sœur et moi, on prend la route. Je rentre à la maison.

Noël arrive, je me réjouis de revoir toute ma famille autour de la table, de me dire que je suis là, que tout va bien et que tout ça signe la fin de l'année 2013. Je suis gâtée, bien de trop. Mon mauvais caractère et ma vilaine déprime passagère commence à s'estomper. Puis le Nouvel An, je revois ceux qui compte aussi. On enterre ensemble mon année 2013, on trinque à la vie, à nos emmerdes, à nos soucis respectifs mais aussi à nos petits bonheurs quotidiens. J'ai sorti ma pelle et à minuit je l'ai mis au fond du trou cette année pourrie.

En fait, les 2 semaines sont passées avec une étonnante rapidité et j'ai l'impression de ne pas avoir assez profiter. J'aurais voulu faire plus, j'aurais voulu revoir chacun un peu plus. Mais bon ! J'ai tout de même refait mes valises dans le sens inverse, pas sans appréhension car je retourne en Allemagne en ayant perdu un repère que je m'étais trouvé. Et oui, M. avec qui je sortais beaucoup a pris son envol vers d'autres contrées, me laissant dans le froid allemand livrée aux conseils et aux connaissances qu'elle m'a laisser.

Je rejoins donc la première étape de mon voyage, je monte dans le train en versant ma larme de petite fille sensible qui vient de quitter sa maman. Je fais un arrêt à Nantes, qui me manque déjà, parce que Dieu que je l'aime cette ville maintenant que je l'ai quittée. Finalement, Paris où je n'ai pas pris l'avion les amis, j'ai fait pire que ça !

2. Là où ma vida loca commença

Ma soeur et moi arrivons dans la fameuse gare de bus. Le miens est naturellement celui du fond, le moins chic d'entre eux. Je découvre avec stupeur qu'il va à Copenhague, rien que ça. Je pose quelques questions au chauffeur qui a fini par croire que je lui faisais du rentre dedans... Bref, je finis par m'asseoir dans ce fameux bus. Au passage, il me faut t'éclairer, j'ai pris le bus pour la simple raison que j'ai emmené ma guitare avec moi et que je ne voulais pas la quitter du voyage et le bus m'a semblé être la meilleure option.

Je profite du trajet jusque Bruxelles pour utiliser à fond mon portable français à coup de messagerie instantanée, vidéos et autres idioties multimédias ! Puis après Bruxelles, je m'endors comme une loque jusqu'au réveil inopportun à 1h du matin par mes amis de la Police allemande qui voulait vérifier que je n'étais pas une vilaine émigré (française ?!). Tout est en ordre mais l'intervention ne m'a pas laissé indemne, je sais pertinemment que je ne vais pas me rendormir avant un bout alors avec mon compère de misère de derrière, lui aussi français, on se parle. On parle de la mère patrie, de nos pays d'accueil respectif, Danemark pour lui, Allemagne pour moi. On cause de tout, de rien. J'aime bien ces moments de partage chaleureux et sans chichi avec des gens que l'on aurait jamais croisé si ce n'est à ce moment précis. 

Pour conclure sur mon aventure bus, ma foi, malgré la fatigue, les douleurs aux postérieurs et au dos, j'en garde un bon souvenir ! J'ai passé un bon moment à parler et plus le voyage avançait plus j'étais impatiente de reprendre mon aventure allemande. Je suis sortie du bus avec la ferme conviction de la vivre ma folle vie à l'étranger et comme il se doit.

3. Auto coup de pied rotatif dans le postérieur

Après les premiers jours à m'ennuyer ferme dans ma chambre lübeckoise, à errer de temps en temps dans les rues juste pour prendre l'air et à faire des galettes des rois pour mes élèves juste histoire de passer le temps, j'ai au bout du compte entrepris de prendre mon courage à deux mains et j'ai décidé d'être un poil plus active ! 

Alors j'ai entendu parler d'un film, j'ai lancé une bouteille à la mer. Parce que ce groupe facebook est un miracle pour les nouveaux arrivants comme moi. 3 minutes, j'ai déjà des intéressés. Je vais la faire ma sortie, je vais la vivre cette maudite vida loca. Le lundi, je file au ciné et puis de fil en aiguille me voilà booké pour la semaine entière. Entre cafés, bars, boite de nuit, restaurants et rencontre pur et dur avec mon groupe, j'ai enfin eu un arrière goût de cette fameuse vie à l'étranger, celle que l'on fantasme et que l'on envie aux autres. Je me sens bien, je vois des choses, je vis des choses, ENFIN. 

4. Épilogue

Tu vois, j'avais compris sans vraiment jamais cerner l'expression : le phœnix renaît de ses cendres. Maintenant, ça me semble clair comme de l'eau de roche. 2014 s'annonce bien, même très bien. 2013 est au placard et n'en parlons plus. Dans la vie, il faut faire le tri, les bons souvenirs pour savoir qui nous sommes et les mauvais souvenirs pour nous rappeler d'où on vient. Je sais d'où je viens et je le vis très bien. L'essence des choses demeurent dans le sens que l'on veut bien leur donner, j'ai choisi de prendre la vie comme elle vient.

Puisse ma vida loca, mon auberge espagnole ou ma brasserie allemande m'en apporter encore des moments comme ceux là. Sur ces paroles hautement philosophique, je te laisse. Le weekend prochain je file direction la mer du Nord, ça promet un article du tonnerre ! D'ici là, j’espère que tu verras un peu plus de vida loca par chez toi car c'est vraiment le pied ! 

(Au fait... j'ai jamais eu autant de succès auprès de la gente masculine que depuis que j'ai une virgule sur le visage... Qui l'eût cru ?) 

vendredi 20 décembre 2013

Lève toi et marche

On va reprendre là où on s'est arrêté, je vais te raconter mon mois de "réinsertion". C'est Noël alors goinfre toi de chocolat tout en me lisant. 

1. Refaire le chemin

Un lundi matin en novembre, aux aurores, il faut reprendre le chemin de l'école. J'attends sagement devant mon petit chez moi, le vent froid me glace le sang et le stress n'aide en rien, mon estomac me fait comprendre que reprendre la route va être une épreuve. Ma collègue arrive, je monte en voiture. On discute, on est ravie de se revoir, le temps entre l'accident et mon retour a semblé interminable, j'ai quelques trains de retard et je veux reprendre rapidement la cadence. Moment redouté, je revois cette "maudite" route mais je tiens étrangement le coup. J'entre enfin dans la salle des professeurs, les yeux s'écarquillent "revoilà la pauvre petite française". Je m’assois, assommée par le stress et la fatigue. On pose sa main sur mon épaule, on me sourit, on scrute mon visage et on me rassure. La tension est toujours là mais je fais avec. 

Je reprends mon matériel sous le bras et je m'avance vers ma première classe. La tension monte, comment vont-ils réagir ? J'entre et la pression tombe immédiatement, je croise leurs regards curieux mais enjoués de me revoir. Ça me me remonte le moral. Le cours se passe à merveille ainsi que les suivants, les plus curieux viennent me voir à la fin, me questionnent, s'inquiètent et rassurés repartent avec le sourire. 

J'ai quitté l'école ce jour là plus forte que jamais. Et en remontant dans la voiture pour rentrer, en refaisant l'exact chemin, malgré que je me sois revu faire chacun de mes gestes, que j'ai ressenti chaque petites émotions qui m'avaient traversé, j'ai su à ce moment précis que plus qu'un accident, c'était mon destin et qu'il faut l'accepter. 

2. Ces gens là, ce pays là, ces petites choses là

Il y a des gens comme ça qui me redonne foi en la vie et en l'humanité. Sans vouloir faire pleurer dans les chaumières, il y a de ces gens qui savent faire la différence. Depuis mon accident, j'avais dû mal à voir du positif, la France m'avait déjà mis un coup de pied aux fesses pour avancer mais le Schleswig Holstein m'a fait appuyer sur l’accélérateur. 


Il y a eu M. qui dès le samedi m'emmenait déjà au resto, ma coloc' qui me dorlote toujours à coup de petits plats et de petites attentions. Puis il y a ces gens simples que je vois tous les mardis où on m’accueille toujours les bras ouverts. Il y a les autres profs qui me soutiennent et qui sont toujours là pour moi. Il y a les autres assistants qui m'ont fait oublier toutes ces vilaines choses, qui ont partagé leurs petites histoires avec moi et surtout à une qui a trouvé la phrase magique qui m'a vraiment touché en disant simplement : "Ce qui fait vraiment plaisir c'est que tu n'as pas perdu ta joie de vivre". Encore une fois, frappé par des vérités criantes, j'ai su que j'avais déjà fait du chemin et que je pouvais être fière de moi. Et ça mon ami, je te le confie, c'est magique.


J'ai redécouvert Lübeck sous la plus belle des lumières, celles de Noël. Cet esprit chaleureux et festif de l'avant Noël qui n'a pas le même charme en France. Tous ces petits chalets illuminés, ces visages heureux, ces décors magiques m'ont confirmé que Lübeck est une ville incroyable, petite mais bourrée de charme et qui, à cette période enchanteresse, se pare de ses plus beaux bijoux pour concurrencer sa vieille ennemie, Hambourg. Parfois on me demande pourquoi je me suis exiler dans un endroit aussi froid, en voyant ça je ne peux que te dire que c'est parce qu'il y a ce côté magique de l'hiver dont a toujours rêvé la petite fille que j'étais et que je suis toujours.

3. Épilogue

Mon petit mois de reprise est passé très vite mais j'ai eu le temps de me sentir revivre un peu et j'ai savouré chaque seconde, même les plus difficiles. Je me suis baladé de jour comme de nuit, j'ai bu, dansé, rigolé, souri,  mangé, aimé, détesté. Je me suis énervée, je me suis faite draguer, j'ai souri, regretté, abusé et surtout j'ai vécu comme ta voisine, ton amie, ta sœur peut vivre. Je suis normale, ça n'a pas de prix.

On arrête de parler de moi 5 minutes : Lübeck est vraiment l'une des villes les plus belles du Nord de l'Allemagne et surtout connue pour son marché de Noël. Ma porte est ouverte à tous les amateurs qui voudraient visiter ma petite ville, je commence à en connaître ses petits secrets et j'ai déjà commencé à pratiquer la visite guidée. Alors, toi mon ami(e) qui prend tant de patience à lire mes petits états d'âme je t'invite cordialement à séjourner dans ma maisonnée où il y aura toujours de la place pour les âmes égarées.

Sinon je vous remercie tous de me lire, je sais que vous êtes pas mal maintenant et ça me fait vraiment plaisir. Je vous souhaite à tous un très joyeux Noël et une bonne glissade vers la nouvelle année ! Tu es en train de te demander ce que je viens de te dire, je t'ai seulement traduit de l'allemand, alors glisse petit pingouin !



dimanche 24 novembre 2013

Un souci de plus, un souci de moins

En ce moment, tu l'auras compris, j'ai pas le vent en poupe. On va repartir de là où je me suis arrêtée et te parler un peu de mon retour. Allez, soyons un peu chauvin, sers-toi un petit verre de vin et ramène le sauciflard ! 

1. "Allez en prison. Ne passer par la case de départ. Ne touchez pas 20 000 Francs"

Sortie de l'hôpital, journée tant attendue. J'ai gambadé les deux jours qui ont suivi, emmenant ma sœur à droite et à gauche appréciant chaque moment de liberté retrouvée. C'est le soir, que mon corps se manifestait. "Hey la pécore qui court la campagne, là, t'en as assez fait. J'ai amorti un accident, moi, maintenant au pieu" Tremblements, froid et courbatures, mamie va au lit à 21h. Le matin, toujours besoin d'un temps d'adaptation, ma sœur se moque... Je ressemble à un Na'vi, tu sais les bonshommes tout bleu aux yeux de chat dans Avatar... 

Viens le grand jour, en route pour l'aéroport. Premier jour où je me confronte aux regards des "autres", ceux qui ne savent pas, ceux qui ne m'ont jamais vu autrement, ceux qui ne regardent pas, ceux qui dévisagent. D'abord sûre de moi, fière d'avoir survécu, heureuse d'être sur mes deux jambes, d'avoir la force nécessaire pour me mêler à la masse, j'ignore les premiers et je marche fièrement. Puis, au fil des regards, face aux moues de dégoût, aux regards ébahis et à quelques réactions de peur (et oui, mon ami, une femme à reculer de peur en me croisant aux toilettes), ma mine enjouée et mon envie d'avancer malgré tout a pris une sacrée claque. 

Accompagnée, je fais encore face, mais une fois seule dans le train qui me ramène à ma case départ, l'amertume commence à m'envahir. Je suis encore partagée par le plaisir de pouvoir revoir ces beaux paysages que j'ai bien failli ne plus avoir la chance de contempler, le bonheur de retrouver ceux que j'aime, et par l'injustice d'avoir dû revenir un mois après mon départ. Ne devrais-je pas être en train de faire travailler mes petits élèves et écumer ma belle région à bord de mon auto ? Mais me voilà de nouveau en France quand les autres vivent ce que j'aimerais vivre aussi.

Je vais pas non plus faire ma bégueule et dire que je n'étais pas heureuse de me faire chouchouter par ma mère, de revoir mes amis mais une partie de moi s'est sentie mise en prison. Il y avait des réveils plus durs que d'autres, il y avait des jours avec et puis dans jours sans, il y avait des larmes, des sourires et des façades. La vie n'est pas simple, j'ai beaucoup relativisé en me disant qu'il y a toujours pire, puis il y avait ces jours où je me disais que quand même, pourquoi moi ? C'est humain, je sais, mais ça ne fait pas plus de bien et ça aurait tendance à ne rien améliorer. Alors je m'enfermais dans mon cachot exigu rempli d'amertume accompagné de mes douleurs et de mes effets secondaires à ruminer sur mon corps qui ne se remet pas assez vite à mon goût, sur cette cicatrice insupportable et sur ces regards qui font mal.

2. "Ma pauvre demoiselle"

Quand on a une balafre sur le visage, ça se voit et puis le lambda comme le proche, il le remarque, se questionne et s'ensuit ce que j'ai appelé mon top 3 des petites maladresses qui me donnaient envie de me pendre. Me déteste pas si tu te retrouves dans une catégorie parce que je t'aime toujours autant, je suis pas comme ça, moi mais je dois t'avouer que j'ai sûrement eu un pincement.

Je vais commencer par ceux qui ont dit ça par pure gentillesse. J'aime les appeler mes cajoleurs. Je parle de ces petites phrases maladroites de réconfort qui ne marchent pas parce que tu sais pertinemment que c'est par pure compassion et que ce n'est pas tout à fait vrai. Alors toi, le cajoleur qui m'a dit que j'étais d'autant plus belle avec cette cicatrice, que ce n'est pas grand chose et que j'étais toujours aussi séduisante. Cajoleur... Ne me mens pas, la cicatrice est de mieux en mieux mais je vais pas remporter le titre de Miss France et ne me fait pas croire que je vais me faire plus draguer sous prétexte que je ressemble un chouilla à une vieille divinité viking. La cicatrice est belle mais c'est une cicatrice et les cicatrices (surtout pour une femme) c'est pas comme un grain de beauté bien placé, ça n'a rien de séduisant et surtout rien de glamour. Alors cajoleur, sache que la simple phrase : "Bientôt, on la verra plus cette balafre" m'aurait suffit mais merci d'être gentil et de me prendre par les épaules, ça fait du bien mais c'est maladroit.

Puis, il y a les minimisateurs. "Ton accident ? Des broutilles, mon pote l'autre jour a planté sa bagnole c'était pire que ça je te jure"... Bon, c'est gentil de me rassurer en m'affirmant que mon accident c'était vraiment de la gnognotte mais ça me réconforte pas plus que ça. Mon accident m'a bien suffit dans sa forme et je ne souhaite pas non plus reproduire l'exploit tous les 4 matins. Alors minimisateur, je te le souhaite pas, mais le jour où une voiture te rentrera dans le lard à la hauteur de ton corps à plus de 70km/h, on en reparlera. Mais je t'en veux pas minimisateur, au fond je suis sûre que c'est parce que tu as eu peur pour moi et que toi, ça t'aide de me dire ça.


Et puis, il y a ceux que je ne comprend pas, j'ai envie de les appeler les "c'est qui qui". Leurs premières réactions, leur première question c'est toujours "Mais, c'est toi qui est en tord ?" et moi de répondre par une mine dépitée. Est ce que c'est vraiment la question ? Est ce que le fait d'être responsable de ses douleurs c'est mieux ou c'est pire ? Est ce que le fait d'être en tord minimise mon état ? Bref, tu l'auras compris, c'est ceux qui m'ont le plus agacé. Pour leur répondre, pour l'instant c'est 50/50 qui est établi mais c'est quasi certain d'après ce que j'ai réussi à savoir qu'elle roulait beaucoup trop vite. Donc voilà "c'est qui qui", tu as ta réponse mais moi je ne me sens pas mieux parce que dans tous les cas, cet accident, que j'en sois responsable ou pas, m'a pris ma voiture et m'a abîmé le visage. Ta question fait plus de mal que de bien.

3. Pose ta poupée voodoo lentement vers le sol et arrête me martyriser

Vient le temps du retour et de reprendre ma vie allemande là où je l'avais laissée. Enjouée, je ne le suis pas restée longtemps, mes effets secondaires persistant à vouloir me tenir compagnie. J'arrive à la gare, déjà impatiente d'arrivée. Stupeur, suicide sur les voies, retard indéterminé, au bout du compte 2 heures de retard. J’arrive finalement à Paris presque vivante. Pourtant épuisée, je dors peu, mes effets secondaires ne me lâchent pas. On prend la route pour l'aéroport avant que les agriculteurs ne nous rendent la tâche plus compliquée. J'arrive à l'aéroport à l'heure grâce à ma tante qui connaît tous les bons filons, tout va pour le mieux.

C'était sans compter sur une grève de la compagnie. Avion annulé, je n'y crois pas et pourtant je suis transférée sur un vol qui part... Dans les 40 minutes qui suivent ! Je traverse l'aéroport, j'ai des sueurs froides, je négocie mon départ, je cours, on me pique mes fromages pour que j'embarque, je laisse mes petits puants sur le tarmac et je finis par m'envoler. Vol compliqué, mes effets secondaires persistent, la journée s'annonce longue. Hambourg me tend enfin les bras et me serre dans ses bras glacials (-5 C°). J'arrive à la gare sans trop d'encombres, j'attends patiemment. Mise à part, une attaque de pigeon je ne vois plus aucun danger à l'horizon. Arrivée à la gare de Lübeck, je commence à marcher et je me dirige vers ma petite maison. Les larmes me sont montées, je vais pas te mentir. J'avais envie de faire demi-tour, tout ces obstacles m'ont donné, sur le coup, une profonde envie de me terrer en France et de ne plus bouger jusqu'à ce que la roue tourne. Puis j'arrive, on m'accueille, je me sens mieux, mon corps et mon cœur se réchauffent. J'ai revu ceux qui étaient là et qui m'ont soutenu à l'hôpital et je tente de reprendre ma petite vie.

4. Épilogue

Cet article est un peu tristou, je te l'accorde mais je suis honnête avec toi et je ne te cache rien. Cependant, pendant ce séjour j'ai eu des moments de bonheur simple mais qui m'ont mis du baume au coeur. Allez une petite liste pour se rappeler des bons côtés de tout ça.

- Ma cicatrice est miraculeusement belle, mon oeil a repris sa forme et plus les jours passent plus j'accepte ce nouveau reflet.

- Ma mère m'a aidé à réaliser un rêve de gosse en m'offrant la guitare de mes rêves pour que je puisse me lancer et j'adore ça !

- Mes amies m'ont emmené au resto', m'ont soutenu et m'ont surtout fait rire.

- D'autres sont passés me voir et m'ont remonté  le moral.

- Mes effets secondaires se tassent et je vais de mieux en mieux.

- Pour mon assurance je ne suis pas en tord ou en tout cas pas complètement, je vais donc être correctement dédommagée.

- Il y a des gens qui m'ont regardé avec la plus grande gentillesse et qui du regard me disait "Allez mademoiselle, vous en faites pas, c'est une mauvaise passe."

- Demain, je retourne à l'école, j'appréhende de repasser par la "fameuse" route mais je suis contente de retrouver mes petits élèves.

Voilà, on s'arrête là pour cette histoire j'espère. Je vais bien et c'est ça le principal à mon sens.

5 heures après l'accident
Aujourd'hui

vendredi 1 novembre 2013

La vie est un spectacle de haute voltige

Cet article va peut être te faire peur (mais je ne suis pas hors contexte, c'était Halloween hier), te faire pleurer, t'inquiéter mais j'espère aussi te faire sourire. Sors ta boite de mouchoirs, prends toi une petite camomille, mets ton sous ton plaid et moi, je vais tout te dire, histoire qu'entre toi et moi, tout soit clair.

1. Apogée de la banane ou pourquoi j'aime être assistante

Lundi 28 octobre, premier jour de tempête à Lübeck mais aussi, premier jour avec mes élèves. Je me lève le matin comme une fleur, je suis stressée mais absolument impatiente de voir les petites bouilles de mes élèves, je pars en avance, j'arrive à l'école et je me présente une nouvelle fois aux collègues que je n'avais pas encore rencontré. 

Ça y est, c'est l'heure de mon premier cours, j'entre dans la classe précédée par une prof' absolument adorable, elle fait un petit point avec ses élèves, je sens les regards interrogateurs, puis vient MON moment. D'abord très tendu voyant le niveau débutant de mes élèves, je m'avance et je leur propose un petit interrogatoire. Je me détend au fur et à mesure des questions et je prends plaisir à leur parler de ce que j'aime, ce que je n'aime pas et je sens que le partage me plaît déjà. Puis vient la deuxième heure, je me rends dans une classe de petits bouts de choux de 10 ans, je commence de la même manière, ils me posent des questions, s'interrogent, sont curieux et me regardent comme si j'étais la France en personne. Leurs yeux pétillants me collent la banane et je me plais à leur mimer tout ce que je leur dit, à faire le clown et leurs rires m'envoient aux anges. Je passe entre les rangs pendant leurs exercices écrits, mes petits élèves sont ravis, ils sont si contents que je leur explique un par un leurs petites fautes maladroites et moi je me plais à jouer les maîtresses attentionnées.

Les classes suivantes, où les élèves sont dans l'âge ingrat de l'adolescence ("toi même tu sais" comme dirait ma génération à cette même époque), certains jeunes garçons que leurs hormones titillent se la jouent un peu, me demande ma situation maritale en appuyant leurs fins de phrases par quelques coups de coude au voisin et à quelques clins d’œil appuyés. Cependant, ça m'amuse et me rappelle que fut un temps, nous étions (toi comme moi) un peu idiot. 

Bref, ma matinée se passe à merveille et je suis déjà enthousiaste à l'idée de retrouver mes classes et de continuer à m'éclater en leur enseignant les tumultes de ma langue. A 13h30, je reprend ma voiture, j'allume mon Ipod, j'ai la patate, le soir même j'ai une dégustation de vin et de fromage et je suis invitée à un spectacle de théâtre, tout va bien dans le meilleur des mondes. Je sors du lycée à bord de ma petite twingo, je tourne à gauche, et...  plus rien. 

2. La faucheuse m'a reluquée ou comment je l'ai échappé belle

A 13h30, une voiture m'a percutée à plus de 70km/h du côté conducteur. Je ne peux pas te décrire le choc et je ne vais pas te mentir, je n'ai rien senti et je n'ai pas souffert. Je ne me souviens que de deux choses juste après le choc, la musique de mon Ipod "Geht Auseinander" de Wir Sind Helden et la chaleur du sang sur mon visage que j'ai trouvé sur le coup très agréable. J'ai essayé d'ouvrir ma portière, j'ai sûrement détaché ma ceinture, je me suis laissé tomber comme une poupée de chiffon sur le côté passager, j'ai vu une femme par la fenêtre, j'ai tendu mon bras comme je pouvais, j'ai ouvert le loquet, je ne voyais plus de mon oeil gauche. Ma vue complètement troublée par la couleur du sang, des gens m'attrapent, on m'extirpe de la voiture, on me maintient la tête, elle me tourne, je marmonne en allemand le nom de ma tutrice et celui de mon école. Je supplie qu'on appelle ma mère. Je titube, on me tient, l'ambulance arrive. On m'allonge, me promet que je ne perdrais pas mon œil, que tout va bien se passer, on me cale la tête avec un collier cervical. J'ai peur. Je sens que si je ne m’accroche pas, si je me laisse aller, ma tête pourrait me lâcher et mon corps suivrait. La mort, je sais qu'elle me reluquait du fond de l'ambulance avec sa grande fauche, elle aurait pu me la prendre la vie et l'ajouter à sa collec' mais ma twingo et mon étoile en avait visiblement décidé autrement. 

Je suis emmenée en urgence à l’hôpital de Lübeck, on découpe mon pull, on me place toutes sortes de trucs sur la peau, on m'explique qu'on va vérifier l'état de ma tête et de mon squelette en général. Dans le coltard, je demande bêtement si j'ai le droit de respirer pendant le scanner, l'infirmière désolée de mon état, me sourit d'un air maternel "Ja, natürlich". Examen passé, tout est miraculeusement parfait, même pas une côté fêlée, mon crâne va bien et l'état d'urgence s'amoindrit. Mais j'ai toujours peur, on mesure ma blessure, je pose la question : "Comment est mon visage ?". On me décrit... Je suis ouverte sur environ 20 cm près de mon oeil et j'ai eu visiblement de la chance de ne pas le perdre. Je frémis mais je ne réalise pas. 

Je passe au service de chirurgie du visage et des yeux, les ambulanciers qui m'y emmènent sont absolument adorables, l'un des deux s'assoit près de moi et me parle de ce qu'il sait sur la France. Il me trouve courageuse, je lui dis que j'ai peur, que j'ai peur pour mon visage, d'être défigurée, de porter pour toujours les stigmates de mon accident. Il me sourit et d'un air protecteur me glisse, "Mais mademoiselle, même avec du sang sur le visage et l'air fatigué, vous êtes belle alors vous le serez toujours." Je souris, j'ai envie de pleurer mais d'émotion parce que pour la première fois depuis les quelques heures chaotiques de mon accident, on me parle comme à une vraie personne et on me réconforte avec chaleur. En partant, les deux me sourient, me souhaitent bon courage et je les entends du fond du couloir murmurer "Elle est si mignonne". Je me sens un peu mieux. Viens le moment que je redoute, pour la première fois de ma vie je me fais recoudre, les chirurgiens m'expliquent tout, ils m’anesthésient tout le long de la plaie, ça fait un mal de chien. Puis ils m'annoncent 30 minutes pour tout recoudre. Je ferme les yeux, je commence un peu à m'abandonner. Je pense à ma mère, à ma famille qui ne savent pas encore que le sort m'a frappé en plein vol. Qu'est ce que je vais dire... Qu'est ce qu'ils vont penser. Je suis à 1400 kilomètres, à l'hôpital, plus fragile que jamais et eux ne savent encore rien et je vais devoir annoncer "Maman, j'ai eu un accident. Je vais bien, mais... Les "mais" ça promet jamais rien de bon dans ces cas de figure mais ils sont obligatoires.  

L'une de mes collègues m'attend dehors, on me prévient, je me sens moins seule et j'ai déjà hâte de la voir. Elle entre, je lui demande comment je suis, elle me glisse que c'est rien, que je suis toujours aussi jolie, que c'est une question de temps mais je sens que ce n'est pas joli à voir. Je me vois dans le miroir. Je ne pleure pas, mais au fond de moi je me sens défigurée. Ouverte du front jusqu'au coin de mon oeil, j'ai peur, où est Amandine sous cette balafre ?  Où est parti mon oeil en amande sous cette coupure béante sur mon visage ? 

3. Miraculée ou comment mon corps fait des merveilles

Les médecins, ma soeur qui est arrivée mardi et les gens qui m'ont suivi dans le début de ma convalescence peuvent te le dire. Le mercredi, je marchais déjà normalement et plus comme une mamie de 90 ans. Mon oeil reprenait déjà forme humaine et ma progression est à peine croyable. Je cicatrise bien et mon corps se remet étonnamment vite en forme. Je suis sortie de l'hôpital jeudi et très contente car ceux qui me connaissent savent combien je hais l'hôpital et combien je hais qu'une seringue s'approche de moi. Hors, sur ce sujet, j'ai été gâté... 5 piqûres anesthésiantes, 1 vaccin pour le tétanos, 3 perfusions par jour d'antibiotique, 1 piqûre par jour dans la cuisse et 2 prises de sang (je ne compte pas le bonus nocturne de la perfusion de calmant pour mes angoisses nocturnes). 

Je suis donc devenue plus courageuse sur le sujet médical, j'ai pris sur moi et avec le sourire. Alors, oui j'ai pleuré seule devant mon miroir, dans les bras de ma soeur, dans le fond de mon lit et j'ai même pleuré sur les toilettes mais ne t'inquiètes pas, j'ai souri aussi. J'ai souri parce que malgré tout, c'est ce que je sais faire de mieux, avoir la banane et prendre sur moi. Je suis fière de moi parce que je m'en sors bien mentalement et même si j'ai peur la nuit et bien, j'essaye de voir la lumière au bout du tunnel.

4. Épilogue

Tu vas peut être te dire que j'exagère, que je romance et libre à toi de le penser. Tout ce que je viens de te confier, c'est mon ressenti, c'est mon coeur plus que que mon cerveau un peu perdu qui te le dit. Cet accident, je le croyais pas si violent avant de voir ma voiture. Elle m'a sauvé la vie... Mon siège est plié en deux et ma portière est rentrer d'au moins 60 cm sur moi, sans compter les morceaux de tôle qui auraient pu me transpercer de part en part. Je me demande encore comment je m'en tire si bien. Parce qu'après tout, n'est ce pas qu'une cicatrice, les cicatrices s'estompent et nous forgent sans parler qu'il existe aujourd'hui de multiples manières d'être belle à nouveau. Même ma soeur ne pensait pas que mon accident avait été si violent et j'ai conscience dorénavant d'avoir eu un grave accident mais aussi d'être une miraculée de la route.

Maintenant s'il te plaît, ne t'inquiètes pas. Je vais bien. Je rentre en France un peu pour me remettre de tout ça et si tu me croises, s'il te plaît, ne t'arrêtes pas à cette vilaine balafre, regarde moi comme tu m'as toujours regarder. Ne te prends même pas de pitié, car la vie c'est ça aussi, c'est parfois d'être fauché en plein vol mais être faucher ne veut pas dire que tout s'arrête. Moi aujourd'hui, j'ai plus envie que jamais de vivre et surtout, je ne veux pas être juste "la pauvre fille qui a eu un accident". Ça prendra un an, deux ans pour que tout ça s'estompe mais c'est quoi un ou deux ans quand on a échappé à la mort ? J'ai hâte de retrouver mes petits élèves, de leur dire que je suis la femme de Frankenstein, de les entendre rire et moi de sourire.

La vie, je l'ai compris, c'est comme un spectacle de haute voltige, parfois on chute, le public retient son souffle, puis on reprend le grand spectacle de la vie, parce que c'est comme ça. Ma chute finale, c'était pas celle la alors on continue et puis on sourit parce que le spectacle continue. 

Celle dont tu dois te souvenir et celle que, bientôt, je serais de nouveau